De la photographie et du post-traitement

Après avoir lu « le billet d’humeur de bvda » ce matin sur le fil de Staache, je saute sur l’occasion pour ouvrir un fil au sujet de l’importance du post-traitement tel que l’on peut l’appréhender grâce aux nouvelles technologies.
C’est un photographe débutant qui s’exprime mais qui n’en n’est pas moins un amateur de photographies n&b et ce, depuis longtemps.
Je rejoins bvda qui souligne que les traitements qui sont aujourd’hui à la portée de quiconque possède du matériel informatique et un peu de patience prennent de plus en plus le pas sur l’émotion purement photographique.
Je n’ai jamais fait d’argentique, ni mis les pieds dans une chambre pour faire un tirage papier, mais j’ai l’impression d’avoir raté quelque chose.
Chaque fois que je commence un traitement numérique, je ne peux m’empêcher de penser à ce que j’aurais bien pu faire sous un agrandisseur, je ne peux non plus m’empêcher d’ajouter du grain comme si j’avais besoin de retrouver cette ambiance si particulière de l’argentique.
J’ai été et je suis toujours un grand amateur de disque vinyl et je considère que le cd n’a rien apporté au son bien au contraire !
Je ne suis pas d’un tempérament nostalgique, mais j’aimerais savoir vous, qui avait eu la chance de pouvoir connaître ce dont je viens de parler, quel est votre sentiment est-ce que vous considérez que le numérique est une réelle avancée pour la photographie ? ou au contraire, comme dans le cas du son, une sorte de grande "escroquerie commerciale" pour nous faire acheter, racheter perpétuellement du matériel ?
Voilà, j’aimerais avoir vos avis éclairés d’amateurs passionnés.
A vous lire.

Je crois que le support n'a aucune importance, que ce soit au niveau du son ou de l'image...

Pour le son, je suis un audiophile depuis longtemps et je peux te garantir que pour obtenir le niveau de qualité d'une excellente platine SACD par ex, avec une platine vinyle il te faudra mettre 3 fois son prix!
Le discours des marchands est autre chose...

Ton exemple est bien choisi: Les détracteurs du numérique que cela concerne la musique ou la photo dénoncent une certaine froideur...
Faux! La froideur est dans le coeur des diptéro-sodomites qui analysent au lieu d'écouter ou d'admirer.

Les autres parlent de dégradés de distorsion ou de modelé de PDF, mais l'émotion se fout de la technique.
Quand l'émotion est là, la qualité technique n'est pas désagréable évidemment..

Pour ce qui est du labo, je prends plus de plaisir à travailler mes photos en numérique, parce que je ne compte pas:
-mon temps (La salle de bain est toujours libre)
-Mes essais (Pas limité par le pognon)

Manque seulement la magie de voir l'image apparaitre dans la cuvette de révélateur, mais cette magie là, opére les premières fois, après on se précipite sur les bouts d'essais, on les chauffe pour voir les tests plus vite, la routine quoi!

Salut staache, et merci
Amicalement

Chaque technologie a ses avantages et ses inconvénients. Etant tout antant audiophile que passionné de photo, je rejoins Staache sur ses propos. J'ai toujours rêvé beau d'un magnétophone à bandes depuis l'âge de 7 ans et maintenant on enregistre en 24 bits 192 KHz avec une simple PC bien équipé. Le rêve n'est pas le même, la qualité non plus. Parfois je vibre de ne plus entendre que la musique grâce au numérique. Parfois je vibre au souvenir du souffle des bandes et de l'inimitable "Ouuuuiiiiiinnnnnnn" que j'entendais chez mon Tonton lorsque j'appuyais sur la touche Play de son magnéto Tandberg au plein milieu d'un morceau (bruit le temps que les lourdes bobines de bande atteignent leur vitesse de croisière). Mais au final, ce que je retiens, c'est la musique. Si elle est bonne, même sur un petit poste radio ou dans une bagnole bruyante elle procure des sensations.

Concernant le photo et le labo N&B, puisque c'est tout de même le sujet, je dirais que je n'ai jamais été aussi loin pour peaufiner une image que depuis que je suis passé en numérique. Les masquages à l'agrandisseur, c'est long et fastidieux, coûteux, ...
Et puis en numérique, on peut revenir en arrière !

J'ai beaucoup aimé l'argentique, et j'aime beaucoup le numérique. C'est complémentaire peut-être.

Tiens, une idée suite à la remarque de Staache, pourquoi les éditeurs de logiciels de retouche ne proposeraient-ils pas (option décochable) d'afficher les photos non pas brutalement dès l'ouverture, mais graduellement du blanc uni au Noir & blanc ? (ou même pour plus de réalité du rouge clair au Noir & rouge clair, ou du Vert-olive clair au Noir & Vert-olive clair (lumière inactinique), puis brutalement au Noir & blanc (quand on allume la lumière blanche du labo)) ... Manque plus qu'un récipient rempli de vinaigre à proximité et on s'y croirait !!!

Bon, allez, j'arrête le délire !!!

Cette chose est et restera un debat difficile....
Pour ma part je suis passé au numérique debut d'année dernière tout cela pour des raisons économiques...
Je suis parti faire le tour des parcs nationaux US et je me voyais pas acheter une 50ène de pelloches diapo et payer leur dévellopement.
Je me suis dit que le D70 serait bien pour accompagner mes boitiers argentique histoire de diminuer le cout total (photographique)
Pour moi pour l'instant l'argentique reste bien encore supérieur en terme de définition et de confort d'utilisation, quand le numérique arrivera au méme niveau (de la dynamique surtout) je ne crois pas que je patienterais longtemps...
La philosophie reste la meme mais la technologie n'est pas encore au bon niveau je pense...
Niveau musique pour moi c'est egalement la meme chose...

Bon c'est sûr que pour avoir pratiqué surtout le négatif, je reconnais que les reflex numériques on encore beaucoup de chemin à parcourir niveau dynamique. Le potentiel d'un négatif n'est pas encore atteint, c'est sûr. Sur le prochain Fuji S4 peut-être, mais hors de prix pour l'amateur.

Niveau couleur, je ne suis pas très satisfait de mon D70 (c'est la raison pour laquelle je me suis remis au N&B). Mais peut-être est-ce aussi un problème d'étalonnage de chaîne graphique ...

Mais le côté immédiat du numérique, c'est tout de même sympa, surtout quand on ne mitraille pas beaucoup. Pas besoin d'attendre que cette foutue 36 pauses soit enfin finie !
Et puis scanner tous ses supports argentiques et les dépétouiller, c'est tellement long !

Salut Arson,

Comme le dit trés justement Staache, le support n'a aucune importance.

Le cd n'est qu'un support et malheureusement il a ses limites, à savoir 16 bits de dynamique uniquement qui ne permettent pas de retranscrire tout ce qui a été capté lors de la prise de son. Le problème est exactement le même avec la photo (capteurs souffrant d'un manque cruel de dynamique).

Reste que le support, au délà de ces considérations techniques ne change pas la manière dont a été capté l'information au début de la chaîne, qu'elle soit sonore où photographique. Ainsi, tu peux trés bien retrouvé la chaleur et le grain d'un magnétophone à bandes nagra aprés avoir effectué la conversion, tout comme il est, je pense, possible de retrouver l'extraordinaire définition et le grain des moyens formats en passant par un trés bon scanner.

De plus, même en numérique, il existe en photo comme en son des outils permettant de recréer certaines caratéristiques de l'analogique. Loin d'être parfaits, ces outils n'en sont pas moins surprenants.

Le problème est selon moi tout autre concernant le manque d'intêret que les gens prètent à l'émotion.

En musique, le numérique a permis de recaler n'importe quel coup de grosse caisse à l'échantillon près, en sont sortis des cd de plus en plus parfaits et sans aucune vie là où leurs prédécesseurs couchaient leur musique avec ou sans défaut d'une traite sur le support en jouant avec leurs tripes.

Dans le cinéma, c'est pareil. Cette recherche du son parfait tue parfois le jeu du comédien par l'usage de post-synchronisation là où l'ambiance du tournage ne peut être retrouvée. En ressortent des dialogues faux ne collant pas du tout au reste du film...

En photo, j'ai parfois le même sentiment, cet engouement pour la technicité de haut vol tue souvent l'émotion, en témoignent de nombreuses photos vues sur internet, techniquement parfaites mais particulièrement froides.

Il faut savoir laisser sa qualité de technicien de côté pour laisser s'exprimer l'art comme il se doit.

L'autre problême du numérique est qu'il vulgarise l'art en mettant à disposition de n'importe qui des outils utra performants pour un prix dérisoire (Paradoxalement, c'est aussi un extraordinaire progrés). Souvent par effet de mode, des jeunes gâtés achètent pour se venter et non pas par passion. Il suffit d'aller voir sur pas mal de forum photo où l'on vente les mérites de son matériel avant même de parler photo. Dieu merci vous êtes là...Encore pire pour le son, la démocratisation du numérique est en train de tuer une partie du métier. Même s'il est génial de pouvoir produire un disque pour pas grand chose financièrement, les Home studio médiocres fleurissent dans toute la France et tuent la profession. Je sais de quoi je parle...il est aujourd'hui de plus en plus difficile de trouver un poste d'ingenieur du son dans le secteur de la musique.

Reste que la photo numérique a encore de gros progrés à faire. Le jour où tout le monde pourra se payer un dos numérique pour hasselblad n'est pas encore arrivé.

Désolé de m'être eternisé.

Il y'a là matière à discuter des heures...

Arno

Que voila des commentaires intéressants.

Mon commentaire va être plus court que la prose inspirée de ces messieurs (très intéressante et instructive au demeurant ) :
c'est important de connaitre (et savoir apprecier) ce qui a été fait avant et d'où on vient; mais il faut savoir vivre avec son temps.
Les vecteurs d'expression changent, l'expression reste la même.

Pfiouu! On croirait entendre mon vieux prof de philo

le comparatif entre argentique/numerique et disque vynil/Cd me parait judicieux.
c'est aussi ma facon de voir les choses.

j'ai fait 3-4 ans d'argentique avant de passer numerique en juin dernier.
au départ argentique-argentique, je faisais développer et tirer au labo du coin.
puis argentique numérisé avec un scann à negas.
gros travail de dépetouillage effectivement...

en tous cas, une chose est sure, Adobe avec Photoshop n'a pas inventé grand chose au post traitement.
bcp de fonctions de retouches sont directement inspirées des techniques de l'agrandisseur, à commencer par les masques de fusion.

le numerique a sans doutes démocratisé la retouche photo, qlq1 qui connait Photoshop avec un minimum de travail arrive à un résultat correct, alors qu'à l'agrandisseur uen certaine exprérience et connaissance de la technique et nécessaire.